Construire sa voie

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Pour la fondatrice de Kickass Careers, les métiers qualifiés ouvrent aux femmes la voie de la réussite

Pour Jamie McMillan, fondatrice de KickAss Careers, inciter les jeunes, depuis la maternelle jusqu’à l’école secondaire, à faire carrière dans l’industrie de la construction est une occupation à temps plein. En effet, elle consacre jusqu’à 30 semaines par an à promouvoir devant des milliers d’étudiants, de parents, d’enseignants et d’employeurs les métiers spécialisés comme premier choix d’orientation professionnelle, car ils garantissent une stabilité économique et l’acquisition de connaissances pratiques et de compétences durables.

Mais ce n’est pas seulement pour les enfants qu’elle est une source d’inspiration. Les parents, qui ne s’intéressent pas forcément à l’industrie de la construction, mais qui accompagnent leurs enfants à ses exposés, viennent ensuite la trouver en lui demandant « Mon travail ne me plaît pas. Comment pourrais-je me reconvertir dans les métiers qualifiés? ».

« Les métiers spécialisés ouvrent la voie vers une multitude de carrières différentes », explique Jamie McMillan. « Souvent, les gens ne savent pas que les métiers spécialisés peuvent mener un apprenti mécanicien à devenir entrepreneur ou à posséder sa propre entreprise. » 

Jamie McMillan se définit comme une ardente avocate de ce secteur d’activité, car pour elle, les métiers qualifiés ont été une planche de salut. Bien qu’ayant grandi dans un foyer aimant et socialement engagé, à l’âge de 18 ans, Jamie McMillan était impatiente de tenter sa chance toute seule.

« Je me disais que j’étais adulte et donc capable de me débrouiller toute seule », se souvient-elle. « Je voulais abandonner mes études, mais mes parents n’étaient pas d’accord. »

Alors, elle quitta sa famille, son école secondaire de Timmins, en Ontario, et occupa divers emplois dans le secteur des services. Insatisfaite, elle décida de reprendre ses études. Elle s’orienta vers les soins de santé et travailla pour la Croix-Rouge pendant quelques années; cependant, elle sentait que ce n’était pas non plus sa vocation.  

Un jour qu’elle se rendait à l’épicerie, une voiture s’arrêta près du trottoir. La femme qui était au volant venait de recevoir une affectation de son syndicat local de monteurs de charpentes métalliques; elle lui demanda si elle pouvait lui emprunter un stylo pour noter l’adresse où elle devait se présenter pour travailler.

Après lui avoir rendu le stylo, elle regarda Jamie McMillan de plus près, avant de lui demander : « Vous vous appelez Jamie? »

Il s’avéra que cette femme, qui la regardait en souriant, était une ancienne camarade de classe de l’école secondaire de Timmins — à 5oo miles (800 km) de là. Elle était monteuse de charpentes métalliques et était bien payée. L’ancienne camarade de classe de Jamie McMillan avait la belle vie.

« J’avais cherché pendant huit ans. Huit ans pendant lesquels j’étais insatisfaite de ma vie, et il avait fallu retrouver par hasard cette camarade de classe pour que j’entende parler des stages d’apprentissage », raconte Jamie McMillan qui secoue la tête en y repensant. « C’est fou. »

Quelques jours plus tard, elle se renseigna sur les monteurs de charpentes métalliques et se rendit à leur local syndical, remplit une demande et croisa les doigts. Quelques mois plus tard, elle reçut une lettre confirmant sa demande d’apprentissage, mais lorsqu’elle se présenta au local, les monteurs de charpentes métalliques restèrent interloqués. Ils avaient accepté sa demande d’apprentissage parce qu’ils pensaient qu’il s’agissait d’un homme, en raison de son prénom; néanmoins, ils l’acceptèrent. 

Jamie McMillan, monteuse en charpentes métalliques depuis 2002, est aujourd’hui une conférencière renommée dans le domaine de la motivation, ainsi qu’apprentie en chaudronnerie, spécialiste du travail de proximité, autrice, visionnaire; elle s’emploie à promouvoir les métiers qualifiés, la technologie, la santé mentale et à plaider en faveur des jeunes. Ce qui avait débuté par hasard, avec une invitation à remplacer au pied levé un panéliste lors d’un évènement organisé par Compétences Ontario, devait par la suite donner l’occasion à Jamie McMillan d’intervenir comme conférencière d’honneur devant 77 conseils scolaires provinciaux, et de commencer une nouvelle carrière.  

En 2014, elle fonda KickAss Careers pour recruter la nouvelle génération de travailleurs qualifiés, en s’appuyant sur des exposés captivants et des expériences de terrain.

Selon le site Web de KickAss Careers, grâce aux stages d’apprentissage, aux formations techniques, aux programmes SITM (études en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) et aux Forces armées, un grand nombre de professionnels qualifiés de haut niveau gagnent des salaires de cols blancs en travaillant dans la conception, la construction et l’entretien de nos infrastructures. Si l’on considère le manque de main-d’œuvre et l’accent mis sur la modernisation des infrastructures dans tout le pays, il y aura une forte demande de travailleurs qualifiés pendant encore longtemps. Des emplois comme électricien, monteur de charpentes métalliques, tuyauteur et tôlier offrent des possibilités d’évolution professionnelle plus rapide que les carrières exigeant quatre ans d’études postsecondaires. Les programmes de formation en milieu professionnel et d’apprentissage sont bien adaptés aux personnes qui aiment résoudre les difficultés liées à des tâches pratiques et qui retirent de la satisfaction de voir leur ouvrage terminé.

Jamie McMillan perçoit aussi cet enthousiasme et ce sentiment d’accomplissement chez ses étudiants — chez les petites filles de l’école primaire qui construisent un nichoir pour la première fois, ou chez le petit garçon timide qui a du mal à sortir de sa coquille en classe, et qui explique à ses camarades comment faire un pont avec du papier. Elle estime que les plus jeunes sont les plus audacieux. Ils ont moins peur, ont plus d’intuition et de curiosité et posent les questions les plus intéressantes. Dans les classes de 7e et 8e années, les élèves absorbent encore l’information « comme des éponges », mais au début de l’école secondaire, ils deviennent plus sensibles à l’influence de leurs camarades.

Dans son activité de plaidoyer, Jamie MacMillan s’efforce également de combattre l’accumulation de préjugés et stéréotypes concernant les femmes qui travaillent dans l’industrie de la construction. Pour les femmes qui veulent réussir professionnellement, ce secteur offre des salaires concurrentiels presque équivalents à ceux des hommes et de nombreuses offres de travail et occasions de s’épanouir. Pourtant, les femmes ne constituent qu’environ 11 % de la main-d’œuvre de l’industrie de la construction, et dans les métiers spécialisés, elles sont encore moins nombreuses. 

En tant que monteuse de charpentes métalliques, Jamie McMillan a voyagé dans tout le Canada dans le cadre de projets contractuels; elle allait là où il y avait du travail. Souvent, elle était la seule femme sur le chantier, et travaillait avec près de 400 hommes.

« Sur le terrain, certains hommes tentent de semer la division entre les ouvrières qualifiées et provoquent la mésentente », commente-t-elle. « Nous devons être solidaires pour nous soutenir et nous encourager mutuellement. »

 Selon elle, « il y a une grande variété de personnes différentes dans la construction, comme dans n’importe quel métier, et il y a certains individus avec lesquels vous aurez une relation difficile, tout comme dans votre cercle familial ou social. Mais dans le milieu professionnel, c’est différent parce vous avez besoin de gagner votre vie. » 

C’est pour cela que Jamie McMillan estime que le conseil et l’appui des autres femmes qui travaillent dans la construction sont si importants. De plus, grâce à Internet et aux médias sociaux, les femmes qui travaillent dans ce secteur ont maintenant beaucoup plus de moyens de nouer des liens. « Si la journée a été rude, vous pouvez vous joindre à une discussion de groupe et dans les 15 minutes, vous avez une trentaine de femmes du monde entier qui vous remontent le moral et peuvent vous conseiller parce qu’elles ont vécu une situation similaire », explique Jamie McMillan. 

« Plus les gens sont hostiles, plus cela me stimule. C’est à eux que je dois ma réussite. Ce sont eux qui m’ont poussée à démontrer qu’ils ont tort. » « La réussite est la meilleure revanche », ajoute-t-elle en souriant.

Pour en savoir plus sur Jamie McMillan et l’activité de KickAssCareers, consultez kickasscareers.ca. ■

Ne manquez pas le discours thème de Jamie McMillan, lors du congrès 2023 de l’ACIT, à Whistler, C.-B., du 23 au 26 août. « The Workplace Detox: Build It and They Will Come » analyse comment nous pouvons unir nos efforts pour retenir les talents dans les métiers spécialisés et, grâce à une main-d’œuvre stable, prospérer en tant qu’organisations. Découvrez pourquoi le roulement du personnel est si élevé et pourquoi les entreprises perdent des millions de dollars en productivité et approvisionnement en matériaux en raison de « normes toxiques » qui ont un impact sur les chantiers dans tout le pays.