Régler les pénuries de main-d’oeuvre par des politiques plus robustes

par / Lori Mathison

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Le présent article provient des Chartered Professional Accountants of British Columbia (CPABC) et les données qu’il contient sont spécifiques à cette région.  Cela dit, la dynamique du marché de l’emploi en Colombie-Britannique se constate partout au Canada.  Les remarques et suggestions de l’auteur s’appliquent donc à l’échelle nationale.

Depuis deux ans et demi, la Colombie-Britannique réussit à relever relativement bien les défis économiques importants qu’elle a connus.  Cependant, avec le retour à la normale des opérations de nombreuses entreprises, les employeurs font maintenant face à des pénuries de main-d’oeuvre.

En octobre, le niveau de l’emploi dans la province atteignait les 2,76 millions, augmentation de 2,6 pour cent par rapport à octobre 2021, et bien au-delà du taux de croissance de 1,5 pour cent de la population en âge de travailler.  Par conséquent, le taux de chômage en Colombie-Britannique est passé à 4,2 pour cent, bien en-deçà du taux de chômage de 4,7 pour cent en 2019, année au cours de laquelle la province faisait face à des pénuries de main-d’oeuvre sans précédent.

À l’heure actuelle, les employeurs de Colombie-Britannique ont du mal à combler les postes vacants.  En septembre 2022, ce sont près de 160 000 emplois qui étaient disponibles et vacants — soit un nombre passablement plus élevé que les 122 500 chômeurs qui se cherchent du travail.

En Colombie-Britannique, le taux d’activité (nombre de personnes qui travaillent ou qui cherchent du travail, divisé par le nombre total de personnes en âge de travailler) s’est redressé après une forte baisse en 2020.  Cela dit, le taux d’activité était de 64,9 pour cent seulement en octobre 2022, alors qu’il était de 65,7 pour cent en octobre 2019.  Si ce fléchissement peut paraître minime, l’impact sur le marché du travail en est considérable.  Par exemple, une baisse de un point de pourcentage du taux d’activité correspond à 44 000 personnes qui quittent le marché du travail.

En outre, l’offre et la demande de certaines compétences sont en décalage dans la province, et des secteurs font face à des pénuries de main-d’oeuvre plus graves que d’autres.  Par exemple, les secteurs de la construction, de l’agriculture, de l’hôtellerie et de la restauration, et d’autres services comme les services personnels, les services d’entretien ménager et de réparation, connaissent tous des taux de vacances sensiblement plus élevés que ceux de la moyenne provinciale.

Les pénuries de main-d’oeuvre ont un impact négatif sur la productivité générale et sur la capacité des employeurs de fournir des biens et des services.  Ce qui entraîne une baisse de l’assiette fiscale et exerce une pression à la baisse sur l’économie de la province.  C’est pourquoi le gouvernement devrait tenir compte de l’ensemble de la situation et s’attacher à des politiques publiques qui 1) suscitent une hausse du taux d’activité, 2) fassent augmenter la population active et 3) prévoient davantage de formations professionnelles, et plus particulièrement dans les secteurs où les taux de vacances sont les plus élevés.

Pour améliorer le taux d’activité, le gouvernement devrait, par ses politiques, s’assurer de réduire les obstacles à l’entrée sur le marché du travail et encourager le maintien en poste en offrant, par exemple, un accès accru aux services de garde d’enfants.  Les employeurs qui font face à des pénuries de main-d’oeuvre devraient par ailleurs veiller à offrir des conditions d’emploi souples pour accommoder les travailleurs qui ne peuvent pas se rendre disponibles aux heures normales de travail ou qui ont besoin d’autres aménagements.

Pour faire accroître la population active, il nous faut en outre accueillir davantage d’immigrants.  Le gouvernement fédéral a d’ailleurs proposé des plans en ce sens pour en accueillir un nombre record au cours des prochaines années, ce qui va contribuer à améliorer la situation à ce chapitre.

Enfin, nous devons investir davantage dans la formation professionnelle et, notamment, viser les secteurs où les pénuries sont les plus criantes et procurer aux étudiants des stages en milieu de travail.  S’il faut augmenter la population active, nous devons aussi nous assurer que les travailleurs présents et futurs disposent des compétences appropriées pour ajouter à la valeur des entreprises qui les emploient et participer pleinement à l’économie de la Colombie-Britannique.

Lori Mathison, FCPA, FCGA, LL.B., est présidente et directrice générale des Chartered Professional Accountants of British Columbia (CPABC).