Amiante : l’assassin invisible

La Fondation canadienne du mésothéliome (FCM) soutient la recherche de pointe au sein de la communauté médicale internationale et apporte un appui essentiel aux patients et à leur famille.

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À l’heure actuelle, les maladies liées à l’amiante demeurent la première cause de décès liés au lieu de travail au Canada. Plus de 1500 personnes décèdent des suites d’une maladie liée à l’amiante (520 personnes ont été victimes du mésothéliome en 2020), et plus de 600 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année au Canada, bien que les chiffres exacts varient d’une année à l’autre et que les données concernant le Québec soient approximatives. 

« On a maintenant des preuves que l’incidence du mésothéliome — le nombre de nouveaux cas de mésothéliome diagnostiqués sur 100 000 personnes chaque année — a cessé d’augmenter et pourrait amorcer un lent déclin dans certaines provinces comme l’Ontario et la Colombie-Britannique, » déclare le Dr Paul Demers, directeur de l’Occupational Research Centre à Toronto, en Ontario. 

L’histoire de l’amiante au Canada

Au Canada, l’amiante a été interdit en 2018, ce qui a pratiquement mis un terme à toute nouvelle utilisation de ce matériau; les premiers règlements limitant cette utilisation étaient apparus dans les années 1970. Cependant, à l’heure actuelle, presque tous les cas d’exposition sont liés au contact avec d’anciens produits contenant de l’amiante, en particulier dans le secteur de la construction. 

« Même si aujourd’hui le niveau d’exposition est moins élevé qu’autrefois, les gens restent vulnérables; selon CAREX Canada, environ 235 000 Canadiens sont exposés à l’amiante dans leur travail, principalement dans la rénovation, la réparation ou l’entretien des bâtiments, » explique le
Dr Demers. « Le mésothéliome et les autres maladies causées par l’amiante, comme le cancer du poumon et l’amiantose se manifestent longtemps après l’exposition; par conséquent, de nouveaux cas continueront à apparaître pendant encore de nombreuses années. Même les pays qui ont interdit l’amiante depuis longtemps, comme la Suède, la Finlande et la Norvège, continuent à en subir les conséquences; néanmoins, si nous nous fondons sur leur expérience, on peut s’attendre à ce que la situation s’améliore progressivement au Canada. »

La recherche médicale

D’importantes avancées dans la recherche médicale ont permis aux médecins de développer des techniques de diagnostic et de dépistage qui contribuent à prolonger et à sauver des vies. 

Le Dr Marc de Perrot est professeur à la Fondation canadienne du mésothéliome et dirige les travaux de recherche à l’Université de Toronto. Dans un rapport d’impact à l’intention la Fondation, le Dr de Perrot souligne que l’équipe de recherche a associé ses efforts à ceux d’autres experts internationaux et de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour actualiser les définitions internationales standards du mésothéliome. 

« Ces définitions sont importantes pour garantir que les patients sont correctement diagnostiqués et bénéficient des meilleures stratégies thérapeutiques incorporant les connaissances les plus récentes sur cette maladie, » indique le rapport. 

Pour diagnostiquer le mésothéliome, on réalise habituellement une biopsie, dont les résultats permettent aux cliniciens de définir le pronostic et prendre des de décisions concernant le traitement. En outre, le diagnostic peut donner la possibilité au patient de participer à des essais cliniques.

Par ailleurs, d’importants travaux de recherche sur le dépistage et le diagnostic précoce sont également en cours. Un projet particulièrement intéressant porte sur la mise au point d’une « biopsie liquide »; essentiellement, il s’agit d’une analyse de sang permettant de dépister précocement le mésothéliome en s’appuyant sur la connaissance des facteurs de risques. Cette méthode pourrait ensuite être utilisée pour dépister les individus présentant un risque élevé de développer la maladie, comme les membres de la famille d’une personne déjà atteinte de mésothéliome.

Par ailleurs, les chercheurs s’intéressent à trois médicaments en vue d’optimiser la réponse immunitaire déclenchée via radiothérapie pour favoriser la prolifération des lymphocytesT aux propriétés anticancéreuses. Cela a pour effet de renforcer la « mémoire » du système immunitaire et de permettre aux lymphocytes T de continuer à cibler le cancer récurrent longtemps après le traitement, comme le ferait un vaccin. L’équipe de recherche se concentre donc sur la meilleure manière d’utiliser le système immunitaire pour maximiser les bienfaits thérapeutiques en tentant de retarder ou d’empêcher la récurrence. 

Enfin, les chercheurs ont recours au séquençage de l’ARN à cellule unique pour analyser des échantillons de tumeur et identifier les biomarqueurs potentiellement associés au pronostic du patient et à sa réponse au traitement. 

Selon le rapport, « Ces recherches et ce protocole de soins sont les premiers de ce type dans le monde et pourraient avoir des implications majeures pour le traitement du mésothéliome. Les chercheurs sont heureux d’annoncer que l’étude [clinique] est en cours. »

Les patients et leur famille

La FCM a été créée en 2008 par des personnes personnellement touchées par cette maladie. À cette époque, les patients, leur famille, leurs aidants et leurs proches affectés par le mésothéliome ne bénéficiaient d’aucun soutien. La
Dre Goldberg et ses fils décidèrent donc de fonder la FCM pour que les autres n’aient pas à subir ce qu’eux-mêmes avaient vécu. En effet, face à un diagnostic aussi dévastateur, les gens se sentent souvent perdus et ne savent pas vers qui se tourner. La FCM s’est donné pour mission de sensibiliser aux dangers de l’exposition à l’amiante et d’apporter un soutien aux patients et à leurs proches affectés par le mésothéliome. 

La FCM propose : 

  • des informations sur les traitements disponibles et la manière de gérer la maladie
  • des informations sur le système d’indemnisation
  • des informations sur la recherche  
  • des groupes de soutien privé en ligne, où les patients et leur famille/leurs aidants peuvent partager leurs expériences et s’épauler mutuellement
  • des groupes de soutien en direct via Zoom, animés par un travailleur social spécialisé en oncologie
  • des webinaires sur les différents problèmes liés au mésothéliome
  • des conférences périodiques sur les recherches et traitements les plus récents dans ce domaine
  • des mises en relation avec les centres d’excellence au Canada
  • de contribuer en soutenant la chaire de recherche sur le mésothéliome de l’Université de Toronto

Que nous réserve le futur?

Au Canada, tant que tous les bâtiments résidentiels, commerciaux et industriels contenant de l’amiante n’auront pas été remplacés, les ouvriers et le public en général continueront à être exposés à ce matériau. « Il faut dresser l’inventaire de tous les endroits où il y a des bâtiments contenant de l’amiante et élaborer un plan pour contrôler la situation avant de procéder au retrait et à l’élimination appropriée de ce matériau, » déclare Lee Loftus, agent syndical en chef de la section locale 118 de l’Association of Heat and Frost Insulators. « Même là où cela été tenté, l’exposition n’a pas été entièrement neutralisée. »

Selon M. Loftus, les maladies liées à l’amiante persisteront au-delà de 2050 et resteront probablement la principale cause de décès liés au lieu de travail pendant encore un certain temps. 

« La nature de l’exposition et le temps que tarde cette maladie mortelle à se manifester ne sont pas pris en compte par le public et les responsables politiques, » conclut M. Loftus. « Si l’exposition à l’amiante avait des conséquences traumatiques immédiates, il y a 50 ans que ce matériau aurait été banni et éliminé de nos communautés. »  

En savoir plus sur la Fondation canadienne du mésothéliome | cmfonline.org