par Nemanja Simic
Ces derniers mois, la rumeur d’une récession imminente n’a fait que s’amplifier et les secteurs industriels se préparent pour faire face aux conséquences. Depuis le début de la pandémie de COVID-19, la seule constante, pour le secteur de la construction comme pour l’économie en général, a été le changement.
Lorsque l’on entend le terme « récession », ce sont les licenciements, les restructurations, la diminution des marges bénéficiaires, le durcissement de la concurrence et les faillites qui viennent à l’esprit. Tout ceci est inévitable et ce serait faire preuve d’un optimisme exagéré que de dire que les crises économiques présentent un grand nombre d’avantages. Les récessions servent néanmoins à mettre une chose en évidence : une mauvaise gestion d’entreprise.
À l’inverse, les principes fondamentaux de bonne gouvernance finissent par prévaloir. La croissance peut ralentir et les récessions ont des conséquences, mais les entreprises bien gérées survivent et gagnent la confiance de leurs clients.
La réalisation de projets a évolué d’un schéma conception-soumission-construction à un modèle conception-construction qui devrait représenter 47 % de l’ensemble des dépenses du secteur du bâtiment aux États-Unis d’ici 2025. On a observé un déploiement d’efforts et un afflux de fonds dans le domaine des bâtiments durables, ainsi qu’un immense changement technologique, à la fois dans les bureaux et sur les chantiers.
À l’heure actuelle, le secteur de la construction est aux prises avec un ensemble de variables à première vue contradictoires. Le manque généralisé de main-d’œuvre continue à sévir, même si, globalement, on observe une augmentation de l’emploi et que la demande de services de construction reste forte. Le coût des matériaux et de l’énergie reste élevé, ce qui réduit la marge des profits. Les travailleurs négocient des salaires plus élevés, et comme le taux de chômage est faible, cela signifie aussi une augmentation des coûts. Par conséquent, les responsables politiques pourraient encore hausser les taux d’intérêt pour combattre l’inflation.
En général, les prévisions économiques pour le secteur de la construction sont stables parce que les projets continuent à s’accumuler et que les entrepreneurs prévoient un accroissement des ventes et de l’embauche.
Bien entendu, tout cela peut changer, en particulier dans un secteur où il faut savoir réagir énergiquement face aux caprices de l’économie mondiale. Pour le moment, que l’économie se redresse ou qu’elle continue à stagner, les entrepreneurs ont une excellente occasion de se positionner avantageusement.
En effet, la protection de votre entreprise contre la récession commence avec le facteur humain.
Instinctivement, l’une des premières réactions face à une crise économique est de diminuer les coûts. Pour une entreprise de construction, c’est le personnel qui représente la plus grosse charge; mais la réduction des effectifs est une arme à double tranchant, car c’est aussi le personnel qui est au cœur de la réalisation des projets.
À l’heure actuelle, licencier des travailleurs constitue un énorme risque en raison de la pénurie existante de main-d’œuvre. Si la prévision d’une récession passagère se confirme, tenter de réembaucher rapidement quand l’économie repartira sera extrêmement difficile.
Bien que cela puisse sembler paradoxal, continuer à embaucher n’est pas une mauvaise idée. Avoir un surplus de main-d’œuvre représente un coût supplémentaire lorsque l’économie ralentit, mais lorsqu’elle reprend, vous serez en meilleure position pour remporter des projets et les exécuter efficacement parce qu’il vous sera plus facile d’assembler des équipes avec le personnel dont vous disposez déjà plutôt que d’avoir à vous démener pour embaucher des gens qui ne seront pas forcément les mieux indiqués pour effectuer le travail que vous faites.
Le problème n’est pas le coût de la main-d’œuvre, mais plutôt le coût d’une gestion inefficace de celle-ci.
Jouer gagnant
Le plus souvent, le coût d’une gestion inefficace apparaît lorsque les entrepreneurs prennent des risques en s’engageant dans des projets dans lesquels ils n’ont pas d’expertise ou pour lesquels ils sont mal préparés. La meilleure manière de protéger votre entreprise contre la récession est de faire des offres sur les projets que vous êtes le plus susceptible de remporter et de mener à bien. Quand vous faites cela, il se passe un certain nombre de choses. En premier lieu, vous gagnez la confiance de vos clients. Ils savent qu’ils peuvent compter sur votre entreprise pour mener à bien les projets et par conséquent, ils se tourneront à nouveau vers vous.
En deuxième lieu, le rapport offres soumises/projets remportés évolue en votre faveur, ce qui signifie que vous n’obtenez pas forcément plus de projets, mais que vous faites des offres moins nombreuses, mais mieux ciblées. Que votre offre soit acceptée ou non, toute soumission a un coût qui se répercute indirectement sur votre entreprise. Ce coût est lié aux services de marketing, de vente et d’études préalables à la mise en chantier, à la relation publique et aux frais engagés pour payer les estimateurs. Améliorer ce rapport permet donc de mitiger le coût des offres rejetées et de concentrer vos ressources sur des soumissions ayant une plus grande probabilité de succès.
En troisième lieu, vous envisagez la situation de façon stratégique. Chacune de vos actions et de vos décisions doit viser un objectif précis, avec une tactique clairement définie pour l’atteindre. Pour cela, vous devez avoir une réflexion stratégique sur la plus importante de vos ressources : vos employés. Cette réflexion stratégique doit prévoir vos capacités à long terme en matière de main-d’œuvre et s’appuyer sur des informations de qualité pour que votre équipe puisse collaborer efficacement.
En finir avec le cloisonnement de l’information et la communication en vase clos
L’un des aspects les plus insidieux du pessimisme économique concerne les tensions qui ne cessent de s’amplifier dans les entreprises. Ce faisant, les équipes s’isolent et finissent par travailler en vase clos. Ironiquement, ce comportement a un effet extrêmement néfaste sur le moral et le rendement de l’entreprise. Cela est particulièrement vrai dans le secteur de la construction, où le cloisonnement est déjà fréquent, à cause d’outils tels que les feuilles de calcul, qui ne favorisent pas la qualité de l’information et la collaboration, et de la nature généralement complexe des projets que les entrepreneurs tentent de réaliser.
Pour protéger votre entreprise de la récession, ces cloisonnements doivent être abolis au plus vite pour faciliter la collaboration entre équipes polyvalentes.
Adopter des technologies innovantes, conçues pour vous aider à atteindre ce niveau de collaboration, est le premier pas pour que votre organisation y parvienne. Par exemple, dans le secteur de la construction, un logiciel de gestion des effectifs peut faciliter la collaboration entre les services d’exploitation, de vente/marketing et de RH en intégrant toutes les variables liées à la main d’œuvre.
Imaginez donner à votre équipe de développement commercial le moyen de savoir quand les travailleurs ayant une certaine expérience du projet seront disponibles d’ici six mois. Cela fera une différence énorme dans sa faculté à obtenir toutes les données nécessaires pour soumettre une offre, avec la certitude que votre entreprise disposera des capacités requises pour réaliser ce travail à temps.
Cet effort de collaboration fonctionne également dans le sens inverse. Si votre équipe d’exploitation sait que l’équipe de développement commercial travaille à certains projets, elle peut les prendre en compte pour élaborer des scénarios et déterminer si vous disposez de suffisamment de main-d’œuvre pour les réaliser. Si tel n’est pas le cas, vous pouvez vous adresser à l’équipe des RH pour qu’elle recrute suffisamment à l’avance afin de choisir les meilleurs candidats pour ce projet. Compte tenu du manque actuel de main-d’œuvre, toute initiative prise par les RH en vue d’élaborer une stratégie de recrutement sera la bienvenue.
Rien ne garantit qu’une meilleure gestion d’entreprise fera de vous un géant de la construction, mais les sociétés qui sortiront plus fortes de cette crise économique seront celles qui auront su donner à leurs employés les moyens de collaborer pour remporter plus de projets. Une fois que la poussière sera retombée, elles seront prêtes à tirer parti de la reprise économique. ■
Réimprimé avec la permission de gobridgit.com