par / Steve Clayman
Il n’y a pas grand-chose qui soit fixé définitivement et c’est certainement vrai des codes de l’énergie. Au Canada, les codes nationaux sont publiés suivant un cycle de cinq ans, et des corrections et des ajouts sont publiés entre deux éditions. La norme ASHRAE 90.1 est mise à jour tous les trois ans. Le processus de tenue à jour des codes commence en fait un an ou à peu près avant la publication de l’édition suivante. Comme bien des choses dans la vie, il y a aussi des exceptions.
Chaque cycle apporte des changements qui visent essentiellement à améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments dans une proportion donnée. Les changements peuvent être liés à l’enveloppe, à l’éclairage, à l’équipement mécanique ou à un ensemble d’éléments. Une fois que les nouvelles éditions du Code national de l’énergie pour les bâtiments – Canada (CNEB) et de la norme ASHRAE 90.1 sont publiées, il faut compter quelques années avant que les experts et les instances concernées emboîtent le pas. En effet, il faut prendre le temps d’apprendre et de répercuter les nouvelles connaissances dans les divers projets conçus et approuvés en fonction du code en vigueur au moment de la mise en chantier. On voit dans des devis techniques des références au CNEB-2011 et à la norme ASHRAE 90.1-2010.
L’édition 2011 du CNEB a été suivie par l’édition de 2015, puis par celle de 2017, la plus récente. Manifestement, la dernière édition constitue une exception par rapport au cycle habituel de cinq ans. Le fait que l’édition 2017 ait été publiée aussi rapidement après celle de 2015 prouve que l’approche relative à la conservation de l’énergie évolue rapidement. L’édition la plus récente de la norme ASHRAE 90.1 a été publiée en 2019.
Le 13 juin 2016, le Conseil national de recherches du Canada (RNCan) publiait un aperçu du CNEB-2015 dans lequel il était noté que plus de 90 changements y avaient été intégrés. Au nombre des changements que précise le nouveau code, les exigences relatives à l’isolation des tuyaux et des gaines sont plus strictes. Ce changement qui concerne l’isolation des systèmes mécaniques a été répercuté dans la version 2019 du CNEB.
Voyons ce qu’il en est des répercussions du CNEB-2017 et de la norme ASHRAE 90.1-2019 sur l’isolation des systèmes mécaniques.
CNEB-2017
Isolation des tuyaux
C’est dans l’édition 2011 du CNEB où la plupart des épaisseurs minimales d’isolation des tuyaux ont été considérablement augmentées — dans certains cas de 50 pour cent. Bien que le titre du tableau concerne des épaisseurs dites minimales, il s’agit dans les faits d’épaisseurs optimales, comme le confirment des calculs aléatoires au moyen du programme 3E Plus. Ce qui signifie qu’il n’y aura plus d’autres augmentations des épaisseurs; c’est bien ce que l’édition 2017 du CNEB confirme d’ailleurs.
Et, ensuite, il y a les questions de détails où se trouve l’essentiel des changements. Et on en compte plusieurs. J’en citerai deux à titre d’exemple. L’édition 2017 du CNEB n’était pas sitôt publiée que les demandes de renseignements affluaient sur la signification des changements en question. Quand le nombre de demandes de renseignements le justifie, le CNEB publie des énoncés d’intention, ainsi :
CNEB-2017, paragraphe 5.2.5.3.
Note 1) Sous réserve des paragraphes 2) à 4), la tuyauterie faisant partie d’une installation CVCA doit être calorifugée conformément au tableau 5.2.5.3. (voir la note A-5.2.5.3.(1)).
Énoncé d’intention
Paragraphe 5.2.5.3. (1)
Objectif
OE1
Attribution
[F92, F93-OE1.1]
Intention(s)
Intention 1 : Limiter la probabilité que la tuyauterie des installations CVCA soit insuffisamment calorifugée, ce qui pourrait mener à des pertes ou des gains thermiques incontrôlés, à une consommation inutile d’énergie pour le chauffage et le refroidissement, à une utilisation excessive d’énergie et à un effet inacceptable sur l’environnement.
NOTE 7) Le calorifuge exigé au paragraphe 1) doit être posé conformément aux règles de l’art (voir la note A-5.2.2.5. 7) et 5.2.5.3. 7)).
Énoncé d’intention
Paragraphe 5.2.2.5.(7)
Objectif
OE1
Attribution
[F92, F93-OE1.1]
Intention(s)
Intention 1 : Limiter la probabilité que l’isolant des conduits d’air, des plénums et des branchements latéraux de circulation d’air soit mal installé, ce qui pourrait mener à une performance inadéquate de l’isolation dans les installations CVCA, à des pertes ou des gains thermiques incontrôlés, à une consommation inutile d’énergie pour le chauffage et le refroidissement, à une utilisation excessive d’énergie et à un effet inacceptable sur l’environnement.
Isolation des conduits
Comme c’est le cas pour l’isolation de la tuyauterie, la section section 5.2.2.5. – Isolation des conduits et des plénums comprend le tableau 5.2.2.5. – Isolation des conduits. Cette disposition n’a pas été modifiée depuis les éditions antérieures du CNEB. L’épaisseur de l’isolant dépend de l’écart de température entre la température ambiante et les températures de fonctionnement. De nouveau, ce sont les exceptions qu’il faut noter ici.
Où en sont les provinces et les territoires ?
Les provinces et les territoires ont adopté des positions différentes sur la question de l’efficacité énergétique et sur le rôle du CNEB dans leur démarche en la matière. Le Code national du bâtiment (CNB), le Code national de prévention des incendies du Canada (CNPI) et le Code national de la plomberie du Canada (CNP) ont aussi été inclus dans le tableau de la page 16.
ASHRAE 90.1-2019
Comme dans le cas du CNEB-2017, les épaisseurs d’isolation à tuyauterie citées dans la norme ASHRAE 90.1-2019 n’ont pas augmenté depuis l’édition 2010, et pour les mêmes raisons d’ailleurs. Bien que les épaisseurs d’isolation à tuyauterie citées dans le CNEB s’inspirent de la norme ASHRAE 90.1, nous notons quelques différences, ainsi :
- Les dimensions nominales des tuyaux ne correspondent pas toutes exactement. Dans certains cas, l’épaisseur de l’isolation à tuyauterie s’en trouve modifiée.
- Certaines épaisseurs d’isolation à tuyauterie citées dans la section sur les systèmes de refroidissement du CNEB-2017 sont supérieures à celles de la norme ASHRAE 90.1-2019.
- Il faut bien sûr toujours porter attention au détail des dispositions en question.
Nota : Certains devis citent tantôt le CNEB, tantôt la norme ASHRAE, tantôt les deux, et précisent que c’est la norme la plus stricte qui doit s’appliquer.
Conclusion
Si, à la lecture du présent article, vous avez l’impression de marcher dans un champ de mines, vous n’avez probablement pas tout à fait tort. Je comprends parfaitement la responsabilité de l’expert qui rédige les devis, mais parfois, c’est l’ingénieur qui se trompe. Il arrive aussi qu’on demande des recommandations à l’entrepreneur calorifugeur. Dans les deux cas (devis ou recommandations erronés), c’est à l’entrepreneur calorifugeur qu’il revient de s’assurer que l’isolation installée correspond aux conditions en question, et non pas forcément au devis. Dans bien des cas, l’entrepreneur calorifugeur est considéré comme l’expert du domaine.
Ceci est particulièrement important lorsque des travaux d’amélioration et de modernisation doivent être effectués. Dans le doute, demandez au fabricant de confirmer l’information et présentez ensuite vos conclusions.
L’isolation convenable installée correctement fonctionne. Assurez-vous que ce soit le cas dans vos travaux. ▪