par / Natalie Bruckner
Parmi les habitants du Canada atlantique, on aurait du mal à en trouver un qui n’ait aucun lien avec la société Guildfords ou aucune anecdote à raconter à son sujet. Ce n’est guère étonnant, vu qu’elle est la plus ancienne entreprise d’isolation en Amérique du Nord !
L’histoire de la compagnie Guildfords dans les Maritimes est passionnante. L’entreprise a été fondée en mai 1906 par Robert Adams Guildford, qui s’est établi à Halifax en qualité de fournisseur de navires spécialisé dans les approvisionnements pour vapeurs transatlantiques. M. Guildford, qui était un entrepreneur bien avant l’invention de ce terme, a vu là une occasion de fournir de l’isolation pour les machines à vapeur sensibles à la chaleur et les nombreuses soupapes et pièces mobiles nécessaires au fonctionnement des nouveaux bateaux qui sillonnaient l’Atlantique.
Au fil des ans, traversant guerres et récessions, la compagnie a grandi et évolué. On pourrait dire que Guildfords avait le don de garder une longueur d’avance. C’est ainsi que, durant les années 1950, ses équipes passaient au peigne fin les plages de la Nouvelle-Écosse pour ramasser de l’herbe à bernaches que l’on cousait entre des couches de papier kraft pour produire le Seafelt, un des premiers matelas isolants pour les maisons. L’air emmagasiné entre les couches d’algues marines séchées empêchait la chaleur de s’échapper par le toit. Le Seafelt était produit à l’usine de Sable River près de Shelburne (Nouvelle-Écosse) et la publicité de l’époque annonçait fièrement que, pour seulement 200 $, Seafelt pouvait être installé dans une maison néo-écossaise moyenne de six pièces et faire économiser de 50 $ à 80 $ par an en frais de chauffage domestique. C’était pour le moins original et ingénieux.
Bien que Guildfords ait été reprise par un nouveau groupe de propriétaires il y a environ cinq ans, elle appartient encore à des intérêts locaux et a conservé son atmosphère familiale, ce qui n’est pas rien pour une entreprise qui compte aujourd’hui de 200 à 300 employés et des bureaux dans toutes les provinces atlantiques.
C’est cette réputation et ce passé qui continuent d’intéresser une myriade de talents de partout au monde. « Notre histoire attire des personnes très expérimentées qui ont toutes à cœur de fournir les meilleurs services possible », affirme Malcolm Robertson, vice-président des opérations à Dartmouth (Nouvelle-Écosse).
Bien que M. Robertson soit un nouveau venu chez Guildfords, où il est entré en 2017, il possède plus de quarante ans d’expérience et le désir d’aider à élargir la gamme des services fournis par Guildfords. Il a aussi joué un rôle prépondérant dans l’instauration d’un nouveau système de gestion de la sécurité et de la qualité qui a grandement amélioré la culture de sécurité de la société Guildfords.
Dire qu’il est fier de travailler avec cette entreprise au parcours impressionnant serait trop faible. « Avant d’entrer chez Guildfords, je travaillais pour un entrepreneur en mécanique et en électricité en Écosse et j’ai eu l’occasion de me faire muter à sa filiale d’isolation à titre d’estimateur. J’ai travaillé dans l’industrie pétrolière et gazière de la mer du Nord avant de venir au Canada en 1994. C’est alors que j’ai appris l’existence de Guildfords ; pratiquement toutes les personnes qui œuvrent dans le secteur de l’isolation au Canada atlantique ont travaillé pour Guildfords au cours de leur carrière », indique M. Robertson.
M. Robertson fait aussi sa marque par sa riche expérience de spécialiste en isolation. Ainsi, lorsqu’il travaillait en mer du Nord, on l’a chargé de mettre au point une procédure pour lutter contre la corrosion sous isolation (CSI). « Nous avons élaboré une procédure rigoureuse, l’avons présentée à nos clients et obtenu de nombreux contrats. Puis, nous avons appris à faire les changements nécessaires à mesure que nous découvrions de meilleurs produits et systèmes. Après plus de 40 ans, je constate qu’il existe maintenant de bien meilleures façons de remédier aux problèmes de CSI qui persistent. »
En outre, il a été gestionnaire de projet pour des travaux d’isolation à la première installation de GNL au Canada. « J’ai passé du temps à travailler à un projet de GNL au Moyen-Orient ; j’ai donc pu apporter mes connaissances au Canada et les utiliser à bon escient. Non seulement ce projet a-t-il été une belle réussite, mais le fait de travailler avec des systèmes d’isolation cryogéniques a été pour moi une excellente occasion d’apprentissage », signale-t-il.
M. Robertson a vu l’industrie de l’isolation évoluer énormément et pourtant, ainsi qu’il le dit à juste titre, elle a toujours été en avance sur son temps, proposant des solutions pour économiser l’énergie même avant le début du mouvement écologiste.
Pour lui, cependant, ce sont les travailleurs de l’isolation qui font de cette industrie ce qu’elle est : « J’ai la chance de travailler avec des gens formidables qui sont toujours prêts à s’entraider. C’est une belle communauté de personnes ; elles sont les premières à mettre la main à la poche si quelqu’un est dans le besoin. Me joindre au conseil d’administration de l’ACIT à titre de directeur des Maritimes est pour moi un moyen de rendre quelque chose à une industrie très généreuse. » ▪