Tout tourne autour du carbone

Steve Clayman

par Steve Clayman

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En 1973, l’embargo pétrolier des pays arabes commençait, embargo qui a fait augmenter le prix du pétrole par un facteur allant jusqu’à 300 %.  En 1979, la crise pétrolière éclatait.  Et la demande de pétrole n’a jamais diminué. C’était l’époque des automobiles à moteur à huit cylindres et des fenêtres à vitrage simple. Les gens ont fini par se préoccuper de la consommation énergétique et l’idée de vraiment économiser l’énergie est née. La norme ASHRAE 90 (ainsi qu’on l’appelait alors) a été publiée pour la première fois en 1975.

Remontons maintenant au mois de juin 2008, alors que le prix du pétrole WTI (West Texas Intermediate) se situait à 164,92 $ US le baril. Les sommités et les experts qui savaient des choses que personne d’autre ne savait affirmaient que le coût du pétrole atteindrait 200 $ US le baril. Au moment où j’écris le présent article, le prix d’un baril de pétrole WTI est de 41,15 $ US.

Le prix du gaz naturel a subi une chute similaire, passant de 19,25 $ US le MMBTU en septembre 2005 à son prix actuel de 2,04 $ US le MMBTU.

Lorsque les coûts énergétiques étaient élevés, les autorités responsables sont intervenues pour qu’on économise l’énergie et la meilleure façon de le faire a été de s’attaquer à la consommation énergétique dans le secteur industriel, l’environnement bâti et les transports. D’après le Cahier d’information sur l’énergie, 2018-2019, [publié par Ressources naturelles Canada (RNCan)], la consommation d’énergie au Canada est la suivante selon le secteur :

industriel 28 %

transport 21 %

résidentiel 12 %

commercial et institutionnel 8 %

agriculture 2 % 

Les 29 % restants sont répartis entre les facteurs de conversion, la charge d’alimentation, la consommation non couverte par le producteur et les pipelines. Dans le rapport, on ajoute que « la consommation d’énergie […] comprend l’énergie requise pour alimenter les véhicules, pour chauffer et climatiser les bâtiments et pour faire fonctionner la machinerie ». 

En ce qui concerne l’environnement bâti, la hausse des coûts énergétiques autour de l’an 2000 a incité des entités telles que l’ASHRAE et RNCan à établir un code d’exigences applicables qui serviraient à réduire sensiblement la consommation d’énergie. RNCan a élaboré le Code modèle national de l’énergie pour les bâtiments – Canada (CMNÉB), publié en 1997. Le CMNÉB s’inspirait de la norme ASHRAE 90.1 et avait été adapté à la consommation et aux conditions au Canada. C’est dans le CMNÉB 1997 qu’on attirait l’attention sur l’importance d’isoler les tuyaux et l’établissement d’épaisseurs minimales pour diverses applications.

L’ASHRAE actualise la norme 90.1 tous les trois ans, tandis que le CMNÉB (appelé maintenant CNÉB) est mis à jour tous les cinq ans. Dans les deux cas, des mises à jour intermédiaires sont publiées et incorporées au besoin. N’oubliez pas qu’il s’agissait d’économiser l’énergie et de continuer à le faire à mesure que le nombre de bâtiments augmentait. La volonté persistante d’économiser l’énergie est mise en évidence dans l’édition 2011 du CNÉB, qui renferme des exigences visant à améliorer de 25 % en moyenne le rendement énergétique des bâtiments.

Comme on le sait, les coûts énergétiques ont baissé et avec cette baisse, un ressac s’est fait sentir. Les réticences émanaient de certains secteurs de l’industrie de la construction, selon lesquels, essentiellement, nous ne devrions pas être tenus de prendre toutes ces mesures coûteuses d’économie d’énergie si les coûts énergétiques continuaient de diminuer. L’avantage financier n’existait plus. Heureusement, les autorités ont continué sur la lancée des économies d’énergie pour deux raisons : les coûts énergétiques sont cycliques et la consommation d’énergie est liée aux émissions de gaz à effet de serre (GES) et au réchauffement planétaire. La réduction du dioxyde de carbone, en particulier, est devenue une préoccupation de premier ordre.

On compare souvent la population du Canada avec celle de la Californie ; toutefois, en ce qui concerne les émissions de carbone, nous figurons parmi les dix premiers à l’échelle mondiale. Comme on s’y attendrait, la Chine occupe la première place, tandis que les États-Unis et l’Union européenne se classent respectivement au deuxième et au troisième rang. Le Canada se situe au dixième rang, juste après la Corée et l’Iran. Nous avons besoin de descendre dans cette liste, mais nous continuons plutôt à accroître nos émissions de carbone.

Nous avons amorcé un virage grâce aux critères de conception des bâtiments et à la participation gouvernementale. Combien de fois entendons-nous parler de la maison passive, des bâtiments à carbone zéro, des normes Energy Star et LEED et de la construction en bois de charpente, entre bien d’autres choses ?

La géothermie, les parcs éoliens et les panneaux solaires sont des sources d’énergie que nous connaissons. L’hydrogène et les petits réacteurs modulaires nucléaires ont du potentiel. Les techniques de captage, d’utilisation et de stockage du carbone sont prometteuses. Cependant, si nous étions capables de réduire l’utilisation d’énergie fossile au point de consommation par une conception écoénergétique des installations des bâtiments neufs ou modernisés, cela permettrait alors de réduire les émissions de CO2.

Les architectes et les ingénieurs en mécanique travaillent avec des critères de réduction de l’énergie ou du carbone déjà établis ou nouvellement adoptés, ainsi qu’en témoignent la conception des bâtiments et, en particulier, la conception et la mise en place d’équipement CVCA à haut rendement. C’est dans ce contexte que l’isolation mécanique devient importante pour l’efficacité globale des bâtiments.

L’efficacité énergétique de l’enveloppe d’un bâtiment est extrêmement importante. Grâce à une utilisation accrue de fenêtres à triple vitrage renfermant un gaz inerte, ainsi que d’un isolant à valeur R élevé, les améliorations de l‘efficacité énergétique sont mesurables. Comme pour la plupart des initiatives en matière d’efficacité énergétique, on finit par atteindre un niveau de rendement décroissant. Une isolation mécanique correctement prescrite et installée permet de maintenir des températures de calcul optimales pour le refroidissement et le chauffage des bâtiments et l’alimentation en eau chaude.

Les bâtiments revêtus littéralement d’acres de verre mettent les systèmes CVCA à rude épreuve. Ce qu’il faut faire comprendre aux experts-conseils, aux propriétaires d’édifice et aux gestionnaires, c’est qu’ils doivent considérer la contribution de l’isolation mécanique pour la réduction de leur empreinte carbone.

L’isolation mécanique réduit la consommation d’énergie et les émissions de CO2 — le message est simple. ▪