par / Natalie Bruckner
« La famille n’est pas seulement quelque chose d’important ; la famille est quelque chose d’essentiel. »
Cette citation résume bien les sentiments de Rémi Demers, propriétaire d’Isolation Val-Mers Ltée, envers les membres de sa famille : non seulement sa famille de sang, mais aussi ceux qu’il considère faire partie de sa famille étendue, c’est-à-dire ses collègues du monde de l’isolation thermique.
Lorsque Rémi Demers s’est joint au conseil d’administration de l’ACIT en 1998, il ne parlait que très peu l’anglais et s’inquiétait de donner une mauvaise impression de lui-même par conséquent. De telles inquiétudes étaient en fin de compte inutiles. « Lorsque je me suis présenté à la première réunion du conseil à Winnipeg, j’ai fait la connaissance des autres administrateurs au bar. À 36 ans, j’étais l’un des plus jeunes ; ils m’ont immédiatement accueilli au sein de leur famille. Je me suis senti totalement accepté. » Pour Rémi, il ne faisait pas de doute qu’il avait trouvé son monde.
Au cours de sa jeunesse, Rémi Demers ne s’imaginait pas travailler dans le même domaine que son père, qui avait été estimateur. « Je ne savais pas ce que je voulais faire, mais je disais souvent que je ne voulais rien savoir de l’isolation. Mon père racontait des histoires sur les nombreuses difficultés des chantiers. Ça ne m’intéressait pas du tout. » Cependant, comme Rémi évoluait dans une famille qui travaillait dans le secteur (sa mère était également employée par l’entreprise de son père), le métier de calorifugeur devenait inévitable.
« Je me souviens quand ma mère louait des chambres à quatre travailleurs en isolation pendant les années 70 ; ils étaient au Québec pour aider à la construction du stade olympique. Il y avait six lits en rang au sous-sol pour mon frère, les quatre travailleurs et moi-même. Pendant cette période, j’ai appris beaucoup sur l’isolation… et sur les jeux de cartes », dit-il en riant.
À 18 ans, Rémi terminait ses études et se joignait à son père sur les chantiers de construction. Cette expérience lui a ouvert les yeux. « J’avais entendu toutes sortes d’histoires d’horreur, mais mon point de vue sur les gens a changé un jour, quand j’étais encore apprenti. Je descendais de l’équipement lourd dans le métro et un grand gars costaud, baraqué comme c’est pas possible, qui travaillait dans le béton, m’a vu et m’a demandé si j’avais besoin d’aide. J’ai alors appris quelque chose d’important : il ne faut pas juger les gens avant d’apprendre à les connaître. »
Après le décès de son père, en 1986, en raison d’une maladie liée au tabagisme, Rémi Demers et sa mère ont fermé l’entreprise familiale. Six mois plus tard, après avoir travaillé pour une autre entreprise, Rémi Demers s’est senti prêt à fonder la sienne : c’est ainsi que l’entreprise d’isolation thermique des systèmes mécaniques Isolation Val-Mers Ltée a vu le jour.
« J’ai lancé l’entreprise avec ma mère et un autre associé, Gérald Valiquett ; nous avons investi 5 000 $ chacun. Je n’avais pas les fonds nécessaires. J’ai donc communiqué avec la banque, mais ils ont refusé de me donner un prêt. Ma mère a dû servir de répondant. Nous avons acheté une vieille camionnette et nous nous sommes mis au travail, » raconte-t-il.
L’entreprise a rapidement acquis une réputation solide en matière d’innovation dans le secteur de l’isolation thermique des systèmes mécaniques. Au bout de cinq ans, M. Demers a racheté la part de son associé. Quelques années plus tard, sa mère a démissionné, mais l’entreprise familiale ne s’est pas arrêtée là.
« Lorsque mon fils a quitté l’école, il ne savait pas trop quoi faire par la suite. Il a commencé à travailler avec moi dans le magasin et s’occupait des livraisons pour 12 $ l’heure. Il s’est bientôt intéressé à l’estimation et j’ai donc commencé à lui apprendre le métier. Aujourd’hui, il est directeur général. »
La fille de Rémi Demers, Lauri, s’est aussi jointe à l’entreprise à titre de comptable, il y a 18 mois. M. Demers est très fier qu’elle ait suivi l’exemple de sa grand-mère. Quant à l’épouse de Rémi, elle a jugé plus sage de refuser. « Lorsque ma fille s’est jointe à l’entreprise, j’ai dit à ma femme : “Il ne manque qu’un élément !” Ma femme m’a répondu : “Non, Rémi, je t’aime trop !” C’est pour ça que nous sommes toujours heureux en mariage ! », raconte Rémi en riant.
Aujourd’hui, Isolation Val-Mers Ltée emploie neuf personnes au bureau et de 35 à 60 personnes sur les chantiers, et se spécialise surtout dans le secteur commercial.
Bien que Rémi Demers soit passionné par l’industrie et parle de façon affectueuse de ses collègues, il passe ses temps libres avec ses enfants et ses petits-enfants, ou à bicyclette. Beau temps mauvais temps, Rémi Demers parcourt en moyenne 3 000 km par année à vélo (durant la crise de covid-19, il pédalait en vêtements d’hiver, à une température de cinq degrés). Chaque année, pendant 5 à 10 jours, il part à l’aventure en vélo et seul. Cette année, cependant, le voyage a été écourté en raison de problèmes liés à l’équipement et au mauvais temps.
« Le sport a toujours été important pour moi. Le cyclisme, c’est une forme de méditation, un temps pour me détendre. C’est une excellente manière de régler mes problèmes d’affaires. L’air frais me permet de me changer les idées. » ▪